lundi 8 août 2011

La gare de Detroit

Dès ses premiers pas en ville, le visiteur de Detroit est immédiatement interrogé.
"Have you been to the station yet ?"
La fréquence de la question et l’usage du "yet", déjà, lui font rapidement comprendre qu’il s’agit bien là d’une destination incontournable.
En effet, la Michigan Central Station de Detroit fait ici figure d’icône urbaine.


Dessinée dans le style beaux-arts par Warren & Wetmore et Reed & Stem, qui ont également signé la gare Grand Central de New York, elle est la plus grande gare du monde à son inauguration en 1913. Plus de 200 trains y transitent chaque jour.
Construite à l’âge d’or du chemin de fer américain, elle accompagne son lent déclin pendant 70 ans avant d’être définitivement désaffectée en 1988.

Implantée à l’ouest du downtown, dans le quartier de Corktown, elle avait été éloignée du centre-ville pour que le développement futur de ce dernier se prolonge jusqu’à elle.
Cette stratégie urbaine resta lettre morte et la construction haute fonctionne localement comme un totem. La destruction du très proche Tiger Stadium en 2005 a encore accentué son isolement.

La gare est ceinturée d’un très haut grillage surmonté de barbelés. Le secret de son accès clandestin se passe sous le manteau, une porte métallique tordue dans un souterrain tout proche, mais l’activité d’une société de terrassement, apparemment occupée à stabiliser les fondations de l’édifice, nous en interdit l’accès plusieurs jours.

Sur l’ancien parvis un parc a été aménagé. Il accueille des concerts les week-ends d’été.
Les alentours frémissent : quelques terrains vagues, nous sommes quand même à Detroit, mais plusieurs restaurants et même une auberge. Des chantiers se poursuivent le long de la Michigan avenue : lofts, maisons d’architectes et nouveaux cafés. On trouve même des T-shirts représentant la gare dans les boutiques spécialisées.

De l’extérieur nous avons participé au balais des visiteurs curieux, photographes amateurs, qui du soir au matin tournent avidement autour du monument. Ces touristes décalés ont souvent le même profil : jeunes couples blancs et minces, jeans serrés, lunettes tintées et T-shirts vintage qui se promènent nonchalamment.

"Slows", qui sert la meilleure cuisine barbecue de la ville, accueille tout ce petit monde.
Vu d’ici, Detroit est aussi sympathique que le Berlin Est des années 90.






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