jeudi 26 juillet 2012

Wilshire Boulevard : la centre linéaire de Los Angeles

La notice wikipedia résume bien les choses :"Wilshire Boulevard est l'une des principales artères de Los Angeles. Elle tient son nom de Henry Gaylor Wilshire (1861-1927), natif de l'Ohio, qui fit fortune dans l'immobilier puis dans l'exploitation agricole et de mines d'or, avant de tout perdre et de mourir ruiné."

A Los Angeles, tout ramène à Wilshire Boulevard. De Santa Monica à Korea Town, de Mac Arthur Park à l'ouest du downtown en passant par le Lacma ou les Tar Pits, il est presque impossible de passer une journée sans emprunter ou même franchir à un moment cette "colonne vertébrale" (backbone) de 25 km (15,83 miles). Que l'on considère le boulevard dans sa totalité ou selon les multiples séquences urbaines qui le constituent, cette entité est un cas unique. Wikipédia (encore lui) évoque les "Champs Elysées de l'Ouest" et même la "5ème avenue de l'Ouest" mais il est clair qu'il s'agit en fait de tout l'inverse.

Historiquement, à Los Angeles, "l'os vient avant la chair": le lien ou le flux s'installe avant la fonction ou le bâti. Ce axe organique qui rejoint le pueblo d'origine (le downtown) à ce qui faillit être le port marchand de la ville (Santa Monica) est un tracé originel.
Dans les années 20, la chaussée du Wilshire Boulevard située à l'ouest de de la Western Avenue n'est pas encore pavée. Le tracé est bordé par des champs et des ranchs. Un promoteur immobilier, A. W. Ross, qui "s'intéresse aux probables habitudes de consommation de la nouvelle population riche des habitants de Beverly Hills", saisit le potentiel su site qu'il imagine comme un secteur commercial nouveau, adapté à l'automobile et rival du downtown de Los Angeles. Il baptise même la première section aménagée de cette voie nouvelle : Miracle Mile.

Adapté aux automobilistes plutôt qu'aux piétons, le boulevard accueille les premiers carrefours à feu des Etats-Unis et les premières voies réservées aux véhicules désirant tourner à gauche. Ross élargit le boulevard à deux fois trois voies. Lotisseur, il assortit la vente de ses terrains de clauses sur l’aménagement de stationnements pour les clients, la conception d'enseignes et d'architectures visibles depuis les pare-brises à une vitesse de 50 km/h (30 mph). Parfois, l'entrée principale des nouveaux commerces est même située à l'arrière des bâtiments, en contact direct du parking. Avant le strip de Las Vegas constitue en le premier boulevard commercial pour automobile.

Luc Baboulet le décrit dans la post face de la traduction française des "4 Ecologies" de banham :
"Le succès, immense avant-guerre, suscitera une flamboyante surenchère architecturale (Bullock's Wilshire  en 1929, May Company en 1940). L'ensemble associait la nouveauté du dispositif commercial et urbain à la familiarité de l'ancienne "Main Street" des petites villes américaines. [...]
Miracle Mile, le segment de dix-sept blocs sityés de part et d'autre du boulevard entre les avenues de Fairfax et de Highland, deviendra après-guerre un terme générique désignant toute forme de développement commercial qui s'installe hors-centre et défie l'hégémonie de ce dernier."

Au numéro 5800 du boulevard, un buste de Ross porte cette inscription : "A. W. Ross, founder and developer of the Miracle Mile. Vision to see, wisdom to know, courage to do."
La figure du "downtown linéaire" décrit par Banham a été la "solution-prototype" de l'adaptation de la ville à l'automobile. Gagné par l'urbanisation environnante, progressivement densifiée jusqu'à aujourd’hui, Wilshire est aujourd'hui tout autre chose.

Depuis le Griffith Observatory à l'Est, ou mieux depuis la terrasse du Getty Center à l'ouest, l'évidence s'impose. Cette surdensité linéaire, cet alignement plus ou moins continu de tours en chapelets, est un point de repère de plus dans cette ville supposée sans forme ni direction. Doublé par les Santa Monica et de Sunset, ce "pied de colline" tramé constitue la matrice de la réinvention continue de Los Angeles.








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