jeudi 26 juillet 2012

Los Angeles : la possibilité d'un Downtown ?

Pour Reyner Banham, l'évidence allait de soit.
Los Angeles demeurerait une ville sans centralité et la question même n'avait pas de sens.
Alors que son livre paraît en 1971, la ville a pourtant entrepris de se doter d'un centre ville financier et culturel générique : la mode des immeubles miroirs, des halls accessibles et des musées d'art contemporain est en cours. Les critiques de Banham tiennent pourtant de la condamnation :

"Bien des villes aux Etats-Unis, ont ainsi vu leur centre tomber en désuétude et pris des initiatives judicieuses pour tenter de les revitaliser; mais aucune autre ville ne donne à ce point le sentiment que c'est là, précisèment, le seul endroit où il ne peut rien se passer. [...]
Certes il serait plus agréable que Pershing Square fût encore plein de vieux messieurs jouant aux échecs, et que le funiculaire d'Angel's Flight grimpât encore le long des rues étroites bordées de meublés pittoresques et croulants ; mais cela, de nos jours, ne peut plus guère exister que sous la forme artificielle d'Olvera Street, voire celle de Disneyland. [...]
[La] nouvelle poussée de gratte-ciel des années 70 qui sont apparus dans la partie sud-ouest du downtown [...] demeurent des illusions dans une ville d'illusions.
Car l'illusion centrale, c'est de croire que Los Angeles possède un centre ; une illusion qui repose en deux mots sur l'idée qu'une grappe de tours en verre fumé, où quelle apparaisse, signifie Downtown. Le problème c'est qu'il y en a partout aux Etats-Unis comme ailleurs. Tout ce que Los Angeles y a gagné, c'est donc d'avoir un downtown comme les autres. [...]
Cette ville qui, ayant pour monuments les freeways eux-mêmes, n'a guère besoin qu'on lui en élève de nouveaux."

Tout à côté du Civic Center, en lisière du quartier d'affaire décrit par Banham, Walt Disney a financé un auditorium. Frank Gehry lui a donné une forme qui lui assuré une visibilité mondiale. La prophétie semble réalisée.
Un lycée artistique fait face à la récente (et vilaine) cathédrale de Los Angeles. Le Harry Bosh de l'immense Michael Connelly ne reconnaîtrait plus Bunker Hill. Cette semaine, un nouveau square a été inauguré. Selon certaines sources des habitants (reconnaissables aux chiens qu'ils promènent le soir) auraient été aperçus croisant les hordes de sans-abris autochtones.
Incroyable mais vrai, Los Angeles est en train de s'inventer un centre.









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