lundi 2 juillet 2012

Phoenix by Edward Abbey : "The blob that ate Arizona"

Edward Abbey ne portait pas Phoenix dans son cœur.
Pour ce poète américain fasciné par le désert et les grands espaces de l'ouest la ville tenait lieu de l’aberration.  A sa naissance en 1927, la ville comptait moins de 40.000 habitants.

Cette citation extraite de son livre "Désert Solitaire", en 1971, tenait déjà lieu de la mise en garde :
"De l’eau, de l’eau, de l’eau…. Il n’y a pas de pénurie d’eau dans le désert, l’eau y est présente exactement dans la quantité qu’il faut, […]. Ici l’eau ne manque pas, sauf si vous essayez de bâtir une ville là où nulle ville ne devrait se trouver."
La ville de Phoenix comptait 600.000 habitants, (1 million dans l'aire métropolitaine).

En 1982, l'agglomération de 1,6 millions d'âmes lui inspirait ceci :
 "Phoenix, Arizona: an oasis of ugliness in the midst of a beautiful wasteland." (in "Down the River")

A sa mort en 1989, le chiffre avait atteint 2,2 millions.
Aujourd'hui Phoenix est la 6e ville américaine (1,4 millions) et son agglomération regroupe 4,5 millions d'habitants.

Le rapport à l'eau, avant même la fondation de la ville, détermine les établissements humains sur le site.


Installée au cœur du désert de Sonora, la ville s'inscrit dans une région extrêmement aride et violemment chaude ; la température moyenne ne descend jamais sous 12°C même s'il peut geler la nuit en hiver et le thermomètre dépasse les 38°C pendant au moins 3 mois de l'année, pendant notre séjour il faisait 45°C.
Les précipitations sont faibles mais des ressources en eaux existent. Au pied des White Tank Moutains, le site est traversé au printemps par des torrents qui provoquent même ponctuellement des inondations partielles.
La domestication de ce flux hydraulique, entamé par les indiens, trouva son point d'achèvement dans les grands travaux des années 30. La canalisation à grande échelles des eaux dans le Sud-Ouest américain permis à Phoenix de se développer d’abord grâce à l'agriculture.
L'extrême ensoleillement, et le caractère salubre de son air sec attira ensuite des populations saisonnières (malades, riches vacanciers, retraités) qui s'y installèrent pour profiter de ses doux hivers.
Aujourd'hui la ville a abandonné le secteur primaire et axe son développement sur le tourisme, ses universités renommées et des secteurs industriels de pointe.

L'étalement, l'extrême banalité et l'esprit anti-urbain radical de la ville fournit une seconde clé de compréhension du phénomène urbain de Phoenix.
Ainsi, Les titanesques efforts qui permirent l'installation humaine sur le site n'ont pas généré un mode d'établissement économe : étalement, aberrations énergétiques sont les plaies de son développement.
Sous le concept de "villages urbains" des municipalités périphériques ont ainsi développé des "produits" urbains de niche très attractifs à l'échelle nationale. Aux lisières de la ville le mouvement de dilatation du "blob" peut se lire facilement. Les cactus recule, suburbia avance.





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