samedi 14 juillet 2012

Los Angeles, de Reyner Banham à Jean Rolin

# En 1971, Reyner Banham (architecte et critique anglais) publiait "Los Angeles : The Architecture of Four Ecologies".
Dans ce livre important, il proposait un portrait engagé et novateur de Los Angeles fondé sur 4 dimensions structurant l'urbanité de la ville. Ces 4 "écologies" (Surfurbia pour les plages, Foothills pour les collines, The Plains of Id pour les plaines et Autopia pour les autoroutes) ont à la fois transformé la compréhension du phénomène Los Angeles et renouvelé la discipline de l'analyse urbaine.
Dans cet exercice libre, issu d'expériences sensibles et personnelles, Banham établissait de nombreux points de rencontres entre des champs auparavant distincts. Histoire, architecture, culture savante et culture populaire, psychanalyse, publicité, folklores, activités sportive, paysage, commerce ou ingénierie constituaient autant de d'axes possibles à l'intérieur des quatre modèles d'écologie

Plutôt admirateur, Banham décrit une ville plurielle et extatique et un moment de civilisation magique (les trente glorieuses d'avant le choc pétrolier). La mobilité automobile, qu'il concevait pourtant comme un moment de l'histoire longue de LA, se situait au cœur de son approche :

"I learned to drive in order to read Los Angeles in the original" écrit-il en 1971.

# Trente ans plus tard, en 2011, Jean Rolin (romancier français) publiait "Le Ravissement de Britney Spears".
Dans ce reportage romancé, en une auto-fiction journalistique sévèrement fantasmée, il se décrivait en espion français chargé par son pays de prévenir un attentat terroriste contre une icône culturelle de Los Angeles : Britney Spears.
Ne sachant pas conduire il tentait jour après jour de suivre la star dans ses allées et venues indifféremment  à pied, en bus ou en métro. Repérée à Rodéo Drive par un fan, vue à Santa Monica par une groupie, sitôt l'information collectée sur un site spécialisé, le romancier se lançait dans une poursuite humoristique et grinçante via le réseau de transport en commun de Los Angeles.

Ce procédé lui fournit l'occasion de dresser un portrait inédit de Los Angeles, désabusé et engagé. Le portrait du peuple urbain des exclus, des décalés et des classes laborieuses de l'agglomération.
Pour expliquer sa fixation sur Los Angeles, il expliquait en 2011 :
"On m’avait toujours présenté cette ville comme la seule où je serais incapable de faire quoi que ce soit, car c’est la ville de l’automobile et que, ne sachant pas conduire, je serais dans l’incapacité de m’y déplacer. Ce qui témoigne de manière assez cocasse de la relative homogénéité sociale des gens qui me tiennent ce genre de propos, puisqu’en réalité les pauvres de L. A. se déplacent en transports en commun et qu’il y a un très bon réseau de transports, surtout des bus. Ma volonté première, c’était donc de trouver ma place dans un territoire dit “hostile”. Car si en général j’aime fréquenter des endroits malcommodes, là on me le présentait comme particulièrement handicapant."


# C'est en gardant à l'esprit ces deux approches apparemment contradictoires que nous plongeons dans le grand bain de Los Angeles. La ville, ou plutôt les villes qui la constituent méritent plus que d'autres un somme de récit croisées et une multiplication des approches et des logiques.
Les urbanités présentes ici, toujours structurées par les axes mis à jour par Banham, ont été complétées par d'autres dimensions. Dans l'univers créatif et réactif de Los Angeles et de la Californie, le mouvement est de mise et les certitudes d'hier ne sont plus forcément les réalités d'aujourd'hui.
 Pour illustrer la pertinence du texte de Banham, nous proposerons quelques espaces singuliers représentatifs des 4 écologies.
Pour revisiter et mettre à jour les tablettes nous proposerons plusieurs secteurs qui non seulement échappent à cette réalité mais esquissent peut-être l'avenir possible de Los Angeles.

A suivre.





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