Tout a commencé ici.
Le 29 avril 1992, après sept jours de délibération, un juré du comté de Los Angeles acquitte les 4 policiers accusés du tabassage en règle d'un automobiliste. Le lynchage de Rodney King a été filmé par un résident.
La diffusion de d'images d'un homme noir, seul, agenouillé devant quatre policiers blancs armés de matraques,a suscité une émotion immense. Le verdict est très attendu.
Sur les marches du Palais de Justice de la Simi Valley, le réalisateur john Singleton (Boy'z in da Hood) prédit : "By having this verdict, what these people done, they lit the fuse to a bomb."
La décision est connue à 15h15. A 15h45, une foule de 300 personnes s'est formée devant le Los Angeles County Courthouse.
Entre 17h et 18h, une douzaine de policiers font face à une foule qui s'est rassemblée au croisement des avenues Normandie et Florence dans le quartier de South Central. A 18H30 la foule a grandit et commence à s'en prendre aux commerces les plus proches. Trois jours d'émeutes suivront : 53 morts (dont 10 personnes abattues par la police), 2000 blessés, 1 milliard de dollar de destruction, plus de 300 feux et plus de 1000 bâtiments détruits
Les images de Reginald Denny et de Fidel Lopez, deux chauffeurs de camions (respectivement blanc et guatémaltèque) extraits de leur camion par la foule à ce même croisement avant d'être et consciencieusement démolis par des émeutiers ont fait le tour du monde.
Celles des commerçants armés de Koreatown faisant feu sur les pilleurs sont moins connues mais recouvrent bien la dimension communautaire et ethnique des évènements : une émeute sociale mais aussi un conflit racial.
Aujourd'hui, le quartier a changé et la réalité raciale s'inscrit différemment à Los Angeles.
South central est devenu majoritairement hispanique. Les États-Unis comptent d’ailleurs le même pourcentage d'"Afro-américian" que de latinos, 12 %. L'espagnol deviendra la langue majoritaire de la Californie en 2050. L'immigration asiatique serait aujourd'hui dominante dans l'agglomération. En 1992, le président s'appelait George Bush (Senior), 20 ans plus tard il s'appelle Barrack Obama.
Que l'Amérique ait basculé dans une réalité post-raciale ou pas, le croisement de Normandie et Florence a presque recouvré son anonymat. Au cœur de la grande plaine de LA, dans ce territoire sans caractère décrit par Banham comme "La Plaine du ça" :
"Une des raisons pour lesquelles les grandes plaines qui caractérisent cette vile apparaissent si décourageantes, c'est qu'elles sont précisément ce par quoi elle ressemble le plus aux autres villes : ville de n'importe où/ville de nulle part. Ici, sur Slauson Avenue, sur Rosecrans ou sur l'Imperial Highway, seule la présence d'éventuels palmiers permet de distinguer Los Angeles de Kansas City ou d'Indianapolis.[...]
En un sens, il s'agit d'une immense zone de service qui alimente et dessert les collines et les plages."
Plusieurs journaux américains ont commémoré les 20 ans des émeutes en interrogeant à nouveau ce lieu.
Dans le LA Times du 29 Avril 2012, un riverain a presque oublié les évènements :
"Riots here?" he says, pointing to his store, Tom's Liquor. "No, no. Riots long, long time ago."
An urban autopsy of the contemporary American city by two French architects spending several months in the US. Picking places, highways, buildings, parks, neighborhoods, docks or urban structures to build a universal urban grammar : our suburban collection. Une autopsie urbaine de la ville américaine par deux architectes français passant quelques mois aux États-Unis.
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