jeudi 30 juin 2011

The Port of Houston

Le centre de la ville de Houston n'est qu'à 50 miles du Golfe du Mexique.
La rivière du Buffalo Bayou qui le traverse s'élargit vers l'Est en un estuaire naviguable. Une colossale zone industrielle s'étend de part et d'autres de la voie d'eau : The Port of Houston.
La zone est intéressante et depuis les quartiers pauvres de l'East Houston se développe une aire peuplée de cuves gigantesques, de torchères, d'usines pétrochimiques, d'installations industrielles ou de bars routiers improbables.
A l'extrémité, un parc désolé et un momunment : Le San Jacinto Momument.
Du haut de cette colonne solitaire de plus de 400 feets, la raison d'être économique de la 4ème ville des Etats-Unis s'étend sous nos pieds : Petrol-Town.
Le regard se perd à l'horizon et revient à nos esprits ce vieux proverbe des pionniers du pétrole : "Where there is oil, there is hell."

L'enfer n'est pas pour tout de suite mais la désolation règne déjà.







mercredi 29 juin 2011

Westheimer Road

"Geography to Nowhere"
Prenant naissance dans le Downtown et se prolongant vers l'ouest pendant plus de 20 miles, la Westheimer Road interminable effectue une grande percée révélatrice de la matrice urbaine de la ville de Houston : quartier d'habitations et zones commerciales à l'intérieur du Loop, tour Williamsburg et centre commercial très chic de Galleria au Niveau de l'autoroute 610, alignement interminable et répétitif d'enseignes commerciales puis zones d'habitations fermées. Très loin l'avenue se transforme en Parkway au niveau du George Bush Park.

Depuis la voiture climatisée, l'expérience tient du flottement ou de la dissolution. Une station Chevron toute les intersections, un Taco Bell tous les mile; les Starbuck's drive-in s'insérant dans la succession des Boston Market, Borders, Kroger, Randall's et autres CVS.
A l'arrière plan, l'un des 10 Wallmart Supercenter de Houston.

Ici et là, les reliquats de ce qui fut il y a quelques années la "Testostérone Zone" décrite par John Nova Lomax  dans un article du Houston Press datant de 2006.
"This strip center is the essence of that -- Evans Music City, an army surplus store, a titty bar and a liquor store within 100 yards of each other. Now that's one-stop shopping."

Dans le même article (cité par Wikipédia), John Nova Lomax en effectuait une description assez exacte : "more than any other thoroughfare, embodies Houston's car-enamored, zoning-free ethos, a damn-near 20-mile phantasmagoria of strip malls, storage facilities, restaurants, big-box retail, office parks, apartment complexes, strip clubs, malls, supermarkets and the occasional church."

"Nowhere is the 'anything goes' image that adheres to Houston more blatantly displayed than along the stretch of Westheimer Road between Chimney Rock and South Gessner Road. Middle-class subdivisions of the 1950s flank this strip, but they are hidden behind broad bands of commercial development that face Westheimer. Most of these date from the 1960s and early '70s, when Houston's suburbanizing ethos was at its least constrained. Not only do shopping centers, gas stations and fast-food restaurants line up along Westheimer -- each flashing signs or theme-style inducements to passersby -- but mega-garden apartment complexes compete for attention in a mixture of dimly recognizable 'traditional' styles. The order of the strip is economic, rather than visual or experiential. The biggest-grossing land gets the prime footage."

Que vous aimiez où pas les chiffres parlent tout seuls.
En 2007, Colliers International  a classé la Westheimer Road comme la septième "retail street" la plus chère des Etats-Unis.










Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Westheimer_Road

mardi 28 juin 2011

Interchanges



Les échangeurs de Shanghai sont des cathédrales, des infrastructures intégrées et implantées dans des contextes urbain denses et/ou actifs.
A Houston, les autoroutes sont à l'échelle de la plaine et de l'horizon. La largeur domine. Pas d'activités en dessus ou en dessous, la superposition et l'imbriquement comptent moins que la nécessité absolue de faire filer ici les grandes horizontales.
Les échangeurs de Houston sont des soulèvements ponctuels du sol, les seules collines.
A proximité du Downtown, le sol tremble et  alors seules les tours permettent encore de se repérer dans l'espace.

Downtown









Houston, quartier de Downtown.
Piscine ou parkings sur les toits. Rues corridors écrasées par la chaleur et hantées par de rares piétons à l'heure du déjeuner. La foule se réfugie sous terre dans un réseau de galeries climatisées qui serpente sous le plan à damier.

lundi 27 juin 2011

Some Houston Streets









Some shots and first urban glances of Houston's streets. Concrete and asphalt in Upper Kirby and around North Rosslyn Drive.

mercredi 15 juin 2011

L’urbanisme américain au XXe siècle, une rétrospective

« Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...
Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. »

Louis Ferdinand Céline, « Voyage au bout de la nuit », 1932.
« Les villes américaines se distinguent des villes de l’ancien monde pétries d’Histoire, ou encore de celles du nouveau monde planifiées par la grande monarchie espagnole.
La célébrité du profil des gratte-ciel new-yorkais, la monotonie supposée de Los Angeles, à l’exception des collines d’Hollywood, doivent nous mettre en garde. L’enracinement que les villes américaines prônaient dans la culture métisse – des colons espagnols et des masses indiennes – donnait à ces dernières des raisons de rendre jalouses beaucoup de villes européennes. »

Jean Castex in « La ville américaine » Cycle de conférence 2005
New York, Chicago, Los Angeles… autant de villes très connues pour autant de clichés.
Verticalité et étalement, réseaux autoroutiers tentaculaires et plans en damier, démesure architecturale et figures normatives, la ville américaine semble incarner à elle-seule ce que la modernité a su créer en matière d’urbanisme.
Au cours du « XXe siècle américain » les réalisations de ce pays continent ont stupéfait le monde et constituées pour beaucoup de pays (on pense à la Chine aujourd’hui) un modèle de développement enviable. Les problématiques nouvelles introduites en urbanisme par l’urgence environnementale peuvent nous conduire à réinterroger ce modèle, à le considérer rationnellement et sans polémique, et à peut-être trouver en lui les clés de notre développement à venir : si la Californie a « inventé » le modèle autoroutier et l’urbanisme des parcs à thème il est également aujourd’hui l’état occidental qui investit le plus dans les technologies vertes et intelligentes…

Au moment où l’humanité vient de basculer dans l’ère urbaine (plus de 50% de la population mondiale vit maintenant dans les villes depuis 2008), il est nécessaire de revenir sur ce siècle de développement urbain et de radiographier l’urbanité d’un pays qui sert de modèle au reste du monde.
Et c’est justement ce que le voyage « L’urbanisme américain au XXe siècle, une rétrospective » se propose de faire.

Le thème : l’urbanisme américain du XXe siècle

La montée en puissance progressive de l’industrie américaine a débuté au milieu du XIXe siècle.
Après la première guerre mondiale et les destructions européennes, les Etats-Unis deviennent la première économie mondiale. Ici, la croissance économique et les progrès techniques ont provoqué une accélération de la construction et une transformation radicale de la définition de l’urbain : forme urbaine, bâti, mode de vie la croissance fut le temps de la réinvention.
Cette série de révolutions sur un même territoire a fabriqué la ville américaine d’aujourd’hui.
Le thème est l’urbanisme américain : les problématiques posées par la grande échelle, celle du quartier, de la ville, voire de la métropole et  tenter de comprendre cet « urbain » généralisé que décrit François Ascher.
Le sujet n’est pas de tout dire ou de tout montrer sur le XXe siècle ou sur la ville américaine en général mais de procéder par « touches » successives.

La méthode : l’immersion et l’analyse kaléidoscope

Pour cette étude, une méthode similaire à celle du portrait urbain de Shanghai , faite de découvertes, de plongées et d’interprétations urbaines, appliquées cette fois à une série de villes dans un même pays.
Le travail envisagé est une lecture urbaine participative. A la façon du « délire interprétatif » d’un Salvador Dali ou du Persan philosophe de Montesquieu (« Mais Comment peut-on être Français ? ») une lecture comparative multicritères sera à la base de la production.
Pour chaque lieu, des années de références (celles qui ont fait de la ville considérée un moment à part de l’Histoire américaine), des lieux de visite et une œuvre de chevet.

Les grandes étapes

1900 : Boston
Sujets : Le campus de Harvard, Newbury Street, l’héritage européen, l’invention de Facebook…
Livre de chevet : Les Ambassadeurs, Henry James

1910-1920 : Chicago, le prototype de la modernité
Sujets : Le loop, les gratte-ciels de Sullivan, la ville et le lac, le nœud ferroviaire, Obama travailleur social dans les quartiers pauvres de Chicago, …
Livre de chevet : Chicago 1910-1930, Le Chantier de la Ville Moderne, Jean Castex

1920-1940 : New York, l’invention du manhattanisme
Sujets : Coney Island, l’Empire State Building, Olmsteed à Central Park, 9/11, Harlem, la Foire Internationale de 1965, la grille urbaine, …
Livre de chevet : New York Délire, Rem Koolhaas

1940-1950 : Los Angeles la ville pavillon
Sujets : Downtown, LA olympic 1984, Venice beach, Hollywood Boulevard, la ville autoroute, Disneyland le premier parc d’attraction moderne
Livre de chevet : City of Quartz, Mike Davis

1960 : Las Vegas, the « citytainement »
Sujets : le Strip, l’hôtel Paris, la ville sur le désert, la mémoire de Bugsy Seagel, …
Livre de chevet : Learning from Las Vegas, Robert Venturi

1970 : Houston, la ville pétrole
Sujets : la dépendance automobile, les fondations d’arts privées, le port abandonné de Galveston, shopping malls…
Livre de chevet : La fin du pétrole : Le vrai défi du XXIe siècle, James Howard Kunstler

1980 : d’Orlando à « Celebration » l’invention des « gated communities »
Sujets : les méga parcs, Epcot Center, Gated Communities, Sun City, …
Film de chevet : “Truman Show” de Peter Weir avec Jim Carrey

1990 : San Francisco, de la « Silicon Valley » à la « smart city »
Sujets : le siège de Google, le lieu de fondation d’Apple, la « e-bay », la ville des réseaux immatériels…
Livre de chevet: Tales of the City, Armistead Maupin

2000 : Portland, green America ?
Sujets : les expériences de développement urbain soutenable
Livre de chevet: The Complete Idiot's Guide to Green Living, Trish Riley

2005 : New Orleans, le réchauffement et les accidents climatiques
Sujets : les traces de Katerina, le lotissement de Thomas Mayne et Brad Pitt, le «french quarter»
Etude de chevet : « Autre chose que des toits bleus » par Cécile Leroux

2010 : Detroit ville-morte ? Faire la ville sur la ville
Sujets : Motor-town, quand la ville se défait, Tamla Motown, le renouvellement urbain amorcé
Film de chevet : “Roger and Me” de Michael Moore