Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. »
Louis Ferdinand Céline, « Voyage au bout de la nuit », 1932.
« Les villes américaines se distinguent des villes de l’ancien monde pétries d’Histoire, ou encore de celles du nouveau monde planifiées par la grande monarchie espagnole.
La célébrité du profil des gratte-ciel new-yorkais, la monotonie supposée de Los Angeles, à l’exception des collines d’Hollywood, doivent nous mettre en garde. L’enracinement que les villes américaines prônaient dans la culture métisse – des colons espagnols et des masses indiennes – donnait à ces dernières des raisons de rendre jalouses beaucoup de villes européennes. »Jean Castex in « La ville américaine » Cycle de conférence 2005
New York, Chicago, Los Angeles… autant de villes très connues pour autant de clichés.
Verticalité et étalement, réseaux autoroutiers tentaculaires et plans en damier, démesure architecturale et figures normatives, la ville américaine semble incarner à elle-seule ce que la modernité a su créer en matière d’urbanisme.Au cours du « XXe siècle américain » les réalisations de ce pays continent ont stupéfait le monde et constituées pour beaucoup de pays (on pense à la Chine aujourd’hui) un modèle de développement enviable. Les problématiques nouvelles introduites en urbanisme par l’urgence environnementale peuvent nous conduire à réinterroger ce modèle, à le considérer rationnellement et sans polémique, et à peut-être trouver en lui les clés de notre développement à venir : si la Californie a « inventé » le modèle autoroutier et l’urbanisme des parcs à thème il est également aujourd’hui l’état occidental qui investit le plus dans les technologies vertes et intelligentes…
Au moment où l’humanité vient de basculer dans l’ère urbaine (plus de 50% de la population mondiale vit maintenant dans les villes depuis 2008), il est nécessaire de revenir sur ce siècle de développement urbain et de radiographier l’urbanité d’un pays qui sert de modèle au reste du monde.
Et c’est justement ce que le voyage « L’urbanisme américain au XXe siècle, une rétrospective » se propose de faire.Le thème : l’urbanisme américain du XXe siècle
Après la première guerre mondiale et les destructions européennes, les Etats-Unis deviennent la première économie mondiale. Ici, la croissance économique et les progrès techniques ont provoqué une accélération de la construction et une transformation radicale de la définition de l’urbain : forme urbaine, bâti, mode de vie… la croissance fut le temps de la réinvention.
Cette série de révolutions sur un même territoire a fabriqué la ville américaine d’aujourd’hui.
Le thème est l’urbanisme américain : les problématiques posées par la grande échelle, celle du quartier, de la ville, voire de la métropole et tenter de comprendre cet « urbain » généralisé que décrit François Ascher.
Le sujet n’est pas de tout dire ou de tout montrer sur le XXe siècle ou sur la ville américaine en général mais de procéder par « touches » successives.
La méthode : l’immersion et l’analyse kaléidoscope
Pour cette étude, une méthode similaire à celle du portrait urbain de Shanghai , faite de découvertes, de plongées et d’interprétations urbaines, appliquées cette fois à une série de villes dans un même pays.
Le travail envisagé est une lecture urbaine participative. A la façon du « délire interprétatif » d’un Salvador Dali ou du Persan philosophe de Montesquieu (« Mais Comment peut-on être Français ? ») une lecture comparative multicritères sera à la base de la production.
Pour chaque lieu, des années de références (celles qui ont fait de la ville considérée un moment à part de l’Histoire américaine), des lieux de visite et une œuvre de chevet.
Les grandes étapes
1900 : Boston
Sujets : Le campus de Harvard, Newbury Street, l’héritage européen, l’invention de Facebook…Livre de chevet : Les Ambassadeurs, Henry James
1910-1920 : Chicago, le prototype de la modernité
Sujets : Le loop, les gratte-ciels de Sullivan, la ville et le lac, le nœud ferroviaire, Obama travailleur social dans les quartiers pauvres de Chicago, …Livre de chevet : Chicago 1910-1930, Le Chantier de la Ville Moderne, Jean Castex
Sujets : Coney Island, l’Empire State Building, Olmsteed à Central Park, 9/11, Harlem, la Foire Internationale de 1965, la grille urbaine, …
Livre de chevet : New York Délire, Rem Koolhaas
Sujets : Downtown, LA olympic 1984, Venice beach, Hollywood Boulevard, la ville autoroute, Disneyland le premier parc d’attraction moderne
Livre de chevet : City of Quartz, Mike Davis
Sujets : le Strip, l’hôtel Paris, la ville sur le désert, la mémoire de Bugsy Seagel, …
Livre de chevet : Learning from Las Vegas, Robert Venturi
Sujets : la dépendance automobile, les fondations d’arts privées, le port abandonné de Galveston, shopping malls…
Livre de chevet : La fin du pétrole : Le vrai défi du XXIe siècle, James Howard Kunstler
Sujets : les méga parcs, Epcot Center, Gated Communities, Sun City, …
Film de chevet : “Truman Show” de Peter Weir avec Jim Carrey
Sujets : le siège de Google, le lieu de fondation d’Apple, la « e-bay », la ville des réseaux immatériels…
Livre de chevet: Tales of the City, Armistead Maupin
Sujets : les expériences de développement urbain soutenable
Livre de chevet: The Complete Idiot's Guide to Green Living, Trish Riley
Sujets : les traces de Katerina, le lotissement de Thomas Mayne et Brad Pitt, le «french quarter»
Etude de chevet : « Autre chose que des toits bleus » par Cécile Leroux
Sujets : Motor-town, quand la ville se défait, Tamla Motown, le renouvellement urbain amorcé
Film de chevet : “Roger and Me” de Michael Moore
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