vendredi 12 août 2011

Capuchin Soup Kitchen and Earthworks urban farm

Au début il n’y avait rien.

Puis il y eu un monastère.
En 1929, dans ce qui était alors la ceinture maraîchère de la ville de Detroit, les frères Solanius Casey et Hermann Buss réunirent autour d’eux des moines inspirés par la doctrine de Saint François d’Assise (vœux de pauvreté, aide aux nécessiteux, travail et prière). La crise vint et la petite communauté fonda alors une soupe populaire, la Capuchin Soup Kitchen, qui existe encore aujourd’hui.

En 1997, le frère Rick Samyn installa un petit potager à l’angle des rues St. Paul et Meldrum. "L’appel" qu’il reçu, selon le site officiel du monastère, lui commandait alors de s’attaquer aux sources mêmes de la pauvreté (que son ordre s’est chargé de soulager) : la dissolution des relations humaines et les outrages faits à la terre ("broken relationships and wounded earth"). "Earthworks was born.”
Une devise fût vite adoptée :
“Feeding bodies, nourishing spirits, strengthening communities.”

En 1999, le jardin s’étendit à plusieurs lots. Avec l’aide d’une association locale et de nombreux volontaires, les terres furent nettoyées, des ruines furent déplacées, des fondations en béton défoncées et après une année entière de restauration du sol, les plantations débutèrent enfin en 2001. La, production du jardin fut d’abord orientée vers les familles à faibles revenus et avec enfants du quartier. Un programme de coupons permettant d’obtenir gratuitement des produits frais et locaux avait été mis en place par l’Etat du Michigan mais l’absence de transports en commun empêchait les habitants de se les procurer. L’implantation de Earthworks permit à des dizaines de familles d’êtres approvisionnées directement. Dans le même temps, la structure commença à vendre sa production sur les marchés locaux pour promouvoir son activité et attirer les bonnes volontés. Des programmes éducatifs à destination des enfants furent développés. L’objectif étant de lutter le plus tôt possible contre l’obésité, cette maladie sociale qui frappe les pauvres.

En 2004, une serre fut implantée en lieu et place d’un petit supermarché abandonné, la dalle de béton de celui-ci ayant apparemment protégé le sol des effluents.

Ce n’est qu’en 2008, avec l’adjonction de nouveaux lots, que la soupe populaire commença à servir les légumes produits localement.

Notre premier Dimanche à Detroit nous trouvèrent porte close. La serre nous avait attirés et nous avions rencontrés George le jardinier de la rue Melrose.
Le lendemain, nous revirent et nous expliquâmes notre intérêt pour le projet au colosse qui nous ouvrit la porte. "Shawn, there’s some French folks that want to know about what’s happening here!»
Shawn Bernardo vint à notre rencontre et nous présenta les lieux.

Après avoir détaillé leur action et présenté le monastère, il eut cette explication :
“Vegetable are cute but they are not the issue here. It’s not about growing food, it’s more about building a community.
We are facing much bigger problems: unemployment, racism, violence, drug, obesity…"
“L’association emploie plusieurs personnes à temps plein et fait appel aux bonnes volontés. L’accès à l’eau est problématique et la pollution des sols aussi."
“La soupe populaire n’est pas autosuffisante et nous dépendons toujours des chaînes de supermarché" expliquait-t-il. Avant de nous inviter à participer à une matinée de travail bénévole il conclut son propos sur ces mêmes chaînes de façon énigmatique : "posez-vous la question de savoir qui possède ces supermarchés et qui vient s’y nourrir."

Le rendez-vous était pris et nous revînmes donc un matin.
Une petite trentaine de personnes nous attendait. Shawn, le colosse sympathique, plusieurs bénévoles récurrents et une dizaine d’enfants extraits d’un summer camp voisin et conduits ici pour leur édification.
Nous formèrent un cercle et après nous être tous présentés, des équipes furent formées. Avant le départ des troupes une question fut posée : comment économiser l’eau. "Vous y penserez au champ et on en parle après".
Le passage dans la serre nous permit de constater que le supermarché avait bien disparu et que même biologique et cultivée avec soins, les énormes tomates américaines était toujours dure comme du bois et désespérément dépourvue de goût.
Dans le champ, les enfants triaient les haricots en riant, un cadre sarclait, les employés passaient le compost au tamis. Une fois les haricots ramassés la petite bande revint au centre et le cercle se reforma.
« Mangez moins de viande pour économiser l’eau. » le groupe applaudit.
« Gardez l’eau de rinçage de vos légumes pour arrosez les plantes ». Le groupe réfélchit.
« Moi je prends ma douche avec mes légumes » dit Shawn. Le groupe rit.

Nous nous attardons avec une bénévole avec laquelle nous avons sympathisé aux champs. Nous lui racontons nos péripéties chinoises. Là-bas les jardins familiaux sont si nombreux qu’il y en a même sous les échangeurs autoroutiers.
« Where are you form ? Ah France. Some French guy came to see us two years ago. He even spend some time at home. »
“You should know him. He runs a Tv show…
“I just can’t remember his name…” Elle réfléchit.
Oh yeah, I got it. Is name is Cyril Lignac !”

La télévision française n’a pas finit de nous surprendre.









http://www.cskdetroit.org/

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